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Blog de la section PS Anzin

Après l'UMP, bal tragique au MEDEF

8 Mars 2013 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Economie

Après l'UMP, bal tragique au MEDEF
Les démissions se succèdent au comité Ethique du Medef. Fichtre !
 Le Figaro s'inquiète et l'heure est grave. Son président, Robert Leblanc, par ailleurs PDG d'Aon France et président de l'association des Entrepreneurs Dirigeants Chrétiens, a rendu son tablier dimanche dernier. Ce comité avait été interrogé sur l'éventuelle modification des statuts du MEDEF pour permettre à Laurence Parisot - présidente sortante - de postuler à un troisième mandat.

Or, nous explique-t-on, ce comité n'est pas là pour cela, mais pour définir et/ou proposer des codes de bonne conduite pour les adhérents. C'était l'un des gadgets créés par Parisot au moment du grand crash de 2008, quand l'ancien Monarque jouait au gauchiste de circonstance sur toutes les tribunes et disait vouloir « moraliser le capitalisme ». Cinq ans plus tard, le jouet se retourne contre sa créatrice.

Car cette « auto-saisine » a été très mal accueillie par Mme Parisot.
Et pour cause ! Dimanche dernier, le désormais fameux Robert Leblanc lui a écrit pour exprimer, «au nom du comité Éthique», sa «désapprobation sur un éventuel changement des statuts». Pour le plan de carrière de ladite présidente, la nouvelle, révélée par le Figaro, a fait tâche. Au final, Parisot a donc obtenu la tête de Leblanc. Il a fallu deux jours. Mardi, les confidences sont parfois délicieuses: ainsi, Leblanc « aurait soumis à deux reprises sa démission à Laurence Parisot qui l'a acceptée, jugeant qu'il avait outrepassé ses compétences et accompli une démarche «non éthique» en se prévalant d'une décision qui n'aurait jamais été prise en tant que telle par le comité.»

Vingt-quatre heures plus tard, le même journal produit un autre article, plus désastreux pour Laurence Parisot. Les éléments de langage de la veille ont disparu: « Depuis dimanche soir, Laurence Parisot ne cesse de réclamer la démission de Robert Leblanc qui a finalement accepté, au bout de deux jours. » Et cette démission forcée a provoqué le départ de quatre autres membres du comité (sur 17). Mercredi, c'est un autre patron, Frédéric Saint-Geours, président de la puissante Fédération patronale de la Métallurgie (UIMM) qui tient carrément conférence de presse pour protester: « Si la réforme des statuts qui est proposée (…) ne respecte pas (les) principes d’éthique et de gouvernance (…), nous ferons en sorte qu’elle ne passe pas. »

C'est donc une vraie crise, un combat à mort ou une chicanerie de pouvoir. Le MEDEF est en passe de ressembler à l'UMP de l'automne, incapable de gérer sa propre gouvernance de façon démocratique.

L'affaire tombe au plus mal. Elle fait d'abord désordre, comme tout déchirement interne né de conflits de pouvoir au sein d'une organisation si prompt à donner des leçons de bonne gestion et de management à tout le monde jusqu'à l'Etat lui-même.

Ensuite, elle affaibli la direction du MEDEF, au moment même où il faut négocier. Ainsi, jeudi 7 mars, les partenaires sociaux, comme on les appelle sobrement, avaient échoué à se mettre d'accord pour amender les régimes de retraite complémentaire (Arrco et Agirc). A la table des négociations, l'organisation défendait l’idée d’une désindexation des pensions par rapport à l’inflation - sans modulation en fonction des ressources. Les syndicats de salariés réclamaient plutôt une revalorisation des cotisations retraite comme préalable à toute autre mesure. Un MEDEF déchiré est-il utile au dialogue social ? Faut-il craindre la radicalisation d'une organisation déjà peu ouverte à toute "curation" sociale supplémentaire de la crise.

A l'inverse, un MEDEF affaibli pourrait nous réjouir sur un autre terrain. L'accord signé par l'organisation patronale et la CFDT sera jugé, amendé, trituré par les députés dans quelques semaines. Cet accord - rappelons-le - est mauvais... pour les salariés.

Les employeurs y ont obtenu négociation d'accords de flexibilité des contrats de travail en fonction des conditions économiques. Il y a bien quelques filets de sécurité à l'activation de cette clause, mais l'engrenage est bien là. L'expérimentation de l'intermittence - hors les secteurs qui y recourent déjà - est une autre dangerosité. Tout comme l'accélération de l'exécution des plans sociaux, même si le gouvernement a rajouté une obligation d’homologation par l’administration dans le texte de loi. Il faudra encadrer les mobilités géographiques (temps de parcours, distance, cout du transport, accessibilité). Même des soutiens socialistes du texte le reconnaissent.

Il faudra aussi résister à l'assaut de quelques (grandes) compagnies de l'assurance privée qui s'agacent déjà publiquement, en sus de leur lobbying plus discret, que les entreprises n'aient pas le libre choix de leur mutuelle santé. Car le choix se ferait par branche, contre l'avis du MEDEF.

encadrer

Bref, il y a matière à amendement !

L'affaire tombe donc très mal pour le MEDEF, et c'est peut-être la meilleure des nouvelles.

Les députés de gauche vont pouvoir se sentir libres et responsables.

Espérons-le.
http://sarkofrance.blogspot.fr/?psinvite=ALRopfU5JBAYUAhIsQfIjfBo48SrKajmtGQSphOOvfBYea1fdLj2PpCbqb6KE1DnDnW6Qt-EVh88eqYdLwyqhs3lSXL3RZ5JfQ
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