Personne n'oserait dire du mal d'elle. Du moins ouvertement. Après quatre longues années passées à la tête du Parti socialiste, Martine Aubry semble aujourd'hui inattaquable. "Elle a fait le job. La preuve, c'est qu'on a tout gagné sous Martine Aubry", résume un député socialiste. Alors, tous considèrent que la maire de Lille peut partir la tête haute. "Elle peut dire 'mission accomplie'", expliquait fin août au JDD.fr le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, lors de l'université d'été du PS à La Rochelle.
La première secrétaire a en effet effectué un important travail de rénovation au PS. C'est elle qui a bataillé pour le non-cumul des mandats et la parité. C'est elle aussi qui plaidait pour l'organisation d'une primaire socialiste. Si la patronne du PS a rencontré sur toutes ces questions la réticence de nombreux élus, le pari de la rénovation est en tout cas réussi. Ses engagements ont été repris par le gouvernement et la primaire s'est avérée être une réussite. "Je ne suis pas nostalgique mais fier du travail qui a été fait", confiait François Lamy, ministre délégué à la Ville et fidèle parmi les fidèles de la première secrétaire", "son frère en politique", comme elle le décrit elle-même.
Pourtant, le tableau n'a pas toujours été si idyllique. C'est dans la douleur, après un calamiteux congrès de Reims, entaché par des soupçons de tricherie, que Martine Aubry est finalement devenue première secrétaire du parti. Quand elle prend les manettes de la rue de Solférino, les socialistes sont divisés et la patronne des lieux a alors la critique sévère à l'endroit de son prédécesseur, François Hollande, allant même jusqu'à critiquer l'état des toilettes.
Pas "naturel de manier la poigne et l'ouverture"
Beaucoup lui ont aussi reproché ses formules acerbes -"la gauche molle", "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup" - à l'encontre de François Hollande lors de la primaire socialiste, à laquelle elle s'était présentée après la chute de Dominique Strauss-Kahn. Mais la première secrétaire a vite remplacé ces critiques par des éloges envers son ancien rival. Pendant toute la campagne, elle n'hésite pas à vanter les qualités de François Hollande, avec qui elle a pourtant entretenu des relations parfois houleuses.
Et jusqu'à maintenant, Martine Aubry continue à apporter un soutien sans faille au gouvernement. "Oui, les promesses sont tenues. Oui, le changement est en marche", lançait-elle à La Rochelle fin août, lors de son dernier discours en tant que première secrétaire.
Une loyauté saluée par l'ensemble des socialistes.