Cabinets ministériels - Grand ménage d'été: on dégage des conseillers dans les ministères!
Le Post 26.07.10
Les membres du gouvernement ont dû faire un tri dans leurs équipes.
Fillon en homme de ménage devant Matignon Montage Le Post d'après gouvernement.fr
20 minutes 30 juillet 2010
Cabinets ministériels: «C'est la première fois qu'on vire 100 personnes d'un coup, sans que ça n'émeuve personne»
Les cabinets ministériels vont dégraisser, conformément à une circulaire émise par Matignon...
20 conseillers ministériels par ministère et quatre pour les secrétaires d'Etat. Depuis plusieurs semaines, les cabinets savent qu'ils doivent se conformer à cette règle rappelée par Nicolas Sarkozy en plein tourmente politique - après les scandales Christian Blanc et Alain Joyandet - et rigueur budgétaire.
Et par Matignon via une circulaire. Les chefs de cabinet ont jusqu'à ce samedi pour transmettre à Matignon leurs propositions pour se mettre en conformité avec la volonté présidentielle. Ils ont jusqu'à la rentrée pour les appliquer.
Au total, ce sont au moins 108 personnes qui vont quitter les cabinets ministériels. «C’est la règle, on le sait quand on signe: conseiller ministériel est par essence une fonction précaire», lâche l’un d’entre eux, contacté par 20minutes.fr. «C’est aussi ça, la vie d’un cabinet», juge un autre. «On a toujours une épée de Damoclès au dessus de nos têtes», jure un «ancien». Lorsqu’on interroge des conseillers ministériels, au début, c’est toujours le même discours: il n’y a «aucun commentaire à faire, on va appliquer à la lettre la circulaire de Matignon», assure un conseiller en communication.
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Pas de blues donc, chez ces «serviteurs de l’Etat», mais dès qu’on insiste un peu, le «malaise» pointe. «C’est la méthode qui fâche, quand on est nommé dans les cabinets, le décret passe par Matignon. Donc les services du Premier ministre savaient que les effectifs augmentaient et n’ont rien fait pour aller contre pendant trois ans, et là, ça tombe d’un coup, brutalement», souffle un conseiller expérimenté, qui parle d’«d’hypocrisie».
«Je ne crois pas avoir mérité ça»
Un sentiment d’ «injustice» règne, assure un conseiller politique, pour qui des petites mains «payent les pots cassés» des scandales de Christian Blanc, Alain Joyandet ou Christian Estrosi, puisque la décision a été prise en pleine polémique sur ces ministres indélicats. «C’est la première fois en France qu’on vire 100 personnes d’un coup, sans que ça n’émeuve personne», insiste, désabusé, un autre membre de cabinet ministériel.
Lui devrait selon toute vraisemblance faire ses cartons en septembre. «C’est pas mon salaire qui creuse le déficit de l’Etat, je bosse comme un fou et je ne sais même pas ce que je ferai en octobre… Franchement, je ne crois pas avoir mérité ça», lâche-t-il, ému.
Si les Français ne pleurent pas leurs départs, c’est parce que leur fonction souffre d’une image faussée dans l’opinion, juge-t-il. «On dit qu’on est très bien payé, mais ce n’est pas vrai pour tout le monde, ou qu’on se gave de champagne, c’est faux».
Un conseiller d’un gros ministère y va de son couplet: «On nous fait passer pour des nantis, des privilégiés…. C’est n’importe quoi. Oui, c’est un privilège de travailler dans un ministère, mais non, ce travail n’est pas une sinécure. On bosse entre 10 et 15 heures par jours, on a peu de week-end, peu de vacances».
Certains disent avoir été «choqués» ou «marqués» par les commentaires qu’ils ont pu lire sur Internet. «Faut pas croire, on ne joue pas aux cartes toute la journée. Des personnes partent mais leurs charges de travail restent. Il va falloir réorganiser les services, et certainement travailler plus», avance un autre.
«C’est zéro indemnisation»
En ce moment, c’est donc l’heure au «recasage» pour les candidats au départ. «Chez nous, le ministre s’occupe personnellement de trouver un nouvel emploi aux partants», témoigne l’un.
Pour les conseillers qui sont fonctionnaires, aucun problème, ils trouveront un nouvel emploi dans la fonction publique. En revanche, la tâche est plus complexe pour les contractuels, même s’ils partent avec une indemnité équivalente à la moitié de la rémunération mensuelle par année de travail.
C’est toujours mieux que d’être viré, avec son ministre, lors d’un remaniement. Dans ce cas, «c’est zéro indemnisation». «C’est ce qui est arrivé à un de mes amis, qui travaillait chez Joyandet. Il a allumé sa télé le dimanche soir, il a appris qu’il n’avait plus de travail», témoigne un conseiller.
«Avoir du temps devant soi, d’un côté, c’est mieux pour préparer son avenir, de l’autre, c’est plus dur de garder son entrain au travail jusqu’au départ». D’autres n’ont pas eu cette chance: les conseillers ministériels font les gorges chaudes du cas de cette brillante salariée du privée débauchée par Chantal Jouanno en juin et qui n’aura même pas eu le temps de mettre un pied au ministère: la circulaire de Matignon était tombée entre temps.
Maud Pierron
Resistance Inventerre