La majorité boucle ses listes dans la précipitation
Crédits photo : Abaca
À la veille du conseil national de l'UMP, plusieurs listes, voire têtes de liste, étaient en souffrance.
Et si le conseil national de l'UMP n'était pas en mesure de valider, samedi matin, la composition de l'ensemble des listes pour les régionales ? À la veille de la réunion du «parlement» du parti majoritaire, l'hypothèse semblait de plus en plus probable. En cause, les difficiles tractations internes à l'UMP et celles, pas moins ardues, avec les partenaires de la majorité, qui attendent toutes un arbitrage de l'Élysée.
À quelques heures du conseil national, les réunions de concertation se sont multipliées. Jeudi soir, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Jean-Claude Gaudin, président de la commission nationale d'investiture (CNI) de l'UMP et du comité de liaison de la majorité se sont retrouvés pour un nouveau point sur les dernières difficultés. Tout au long de la journée de vendredi, les tractations se sont poursuivies. Une nouvelle CNI est prévue samedi matin à 7h30, une heure et demie avant l'ouverture du conseil national, pour valider les ultimes arbitrages.
«À l'heure où je vous parle, les propositions faites ne respectent pas les promesses du président de la République et de l'UMP», assurait vendredi en fin d'après-midi un cadre du Nouveau Centre. Bluff de dernière minute ou menace sérieuse de présenter des listes autonomes ? Rue La Boétie, on n'envisage pas une seconde que ce puisse être le cas. «Nous serons prêts et nous présenterons toutes les listes métropolitaines», confirmait-on dans l'entourage de Xavier Bertrand.
Vendredi soir, les difficultés concernaient pourtant plusieurs départements encore, dont le Lot-et-Garonne, la Haute-Garonne ou la Vienne. «Je vais sortir la mitraillette», expliquait mercredi
soir Jean-Pierre Raffarin, confronté à la grogne de certains élus poitevins. En Ile-de-France, le changement à la dernière minute de la tête de liste de Seine-Saint-Denis mécontente beaucoup dans
les rangs de l'UMP sans rien régler avec les partis associés de la majorité et notamment le Nouveau Centre. Mais les problèmes perdurent également pour le premier tiers des listes (les places qui
même en cas de défaite sont éligibles) à Paris, dans le Val-d'Oise ou le Val-de-Marne.
Dans les Yvelines, département de Valérie Pécresse, c'est le «pataquès». Le député de Versailles Étienne Pinte entend que sa circonscription soit représentée. Christine Boutin réclame également
une place au nom du Parti démocrate-chrétien.
En Alsace, «la situation est folle», selon un membre de la
commission d'investiture. La tête de liste UMP, «Philippe Richert, n'en fait qu'à sa tête, poursuit-il. Les menaces de dissidences deviennent importantes et la probabilité que l'on perde plus que
sérieuse». Un comble pour cette région que l'Élysée couve du regard et qui était, avec la Corse, la dernière à rester à droite en 2004.
«Car, en plus des contraintes de représentation équilibrée des territoires, du respect de nos accords avec nos partenaires de la majorité, des règles de parité, des consignes pour le
renouvellement et la promotion des minorités, il faut également faire avec quelques clients incontournables», explique un membre de la CNI. Les conseillers de l'Élysée sont de ceux-là et ils sont
au moins trois : Éric Schahl en Alsace, Sophie Dion en Rhône-Alpes et Franck Louvrier dans les Pays de la Loire. Ils sont peut-être les seuls à avoir bien dormi cette nuit.
Jean-Baptiste Garat du Figaro.fr