Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Blog de la section PS Anzin

Les chefs d'établissements difficiles pourront choisir leurs profs dans toute la France

17 Janvier 2012 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Education

Les chefs d'établissements difficiles pourront choisir leurs profs dans toute la France

Le ministre de l'Education, Luc Chatel, entend faciliter à la rentrée prochaine le recrutement sur profil. Les syndicats sont critiques et les volontaires peu nombreux.

 

Le ministre de l'Education, Luc Chatel, en octobre 2011 à l'Elysée. (Photo Eric Feferberg. AFP)
  • Permettre aux chefs des établissements les plus difficiles de recruter eux-mêmes leurs profs : la mesure est loin de faire l'unanimité, mais qu'importe pour Luc Chatel. Le ministre a décidé de renforcer à la rentrée prochaine ce dispositif expérimenté depuis la rentrée 2010.

    Les postes concernés, ceux du nouveau réseau Eclair (Ecoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite, qui regroupe aujourd'hui 297 collèges, 28 lycées et 2 100 écoles), seront désormais ouverts sur une base nationale et non plus académique, a-t-il annoncé ce mardi. Pour élargir les possibilités de recrutement, un enseignant de l'académie de Lille pourra donc postuler à Toulouse.

    Car, si 911 postes ont été ouverts en 2011 sur la nouvelle base de recrutement, selon le ministère, les postulants ne se sont pas bousculés : «Le vrai problème, c'est l'absence de candidats», résume Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa (syndicat majoritaire des chefs d’établissement). «Tant et si bien que les rectorats n'ont pas mis en circulation sous le label Eclair tous les postes vacants du réseau, pour ne pas avoir à recruter en catastrophe des contractuels à la rentrée.» Ce qui fut tout de même le cas pour 10% des postes pourvus, reconnaît le ministère. Et 25% l'ont été par des enseignants remplaçants (TZR).

    Indemnité

     

    L'idée du recrutement «sur profil» a émergé en avril 2010, lors des états généraux sur la sécurité à l'école, dans l'objectif de stabiliser les équipes enseignantes pour assurer «la sérénité au sein de l’établissement», avait alors justifié Luc Chatel.

    Les enseignants volontaires peuvent postuler, via Internet, aux postes déclarés vacants et le chef d'établissement, qui jusqu'ici n'avait pas son mot à dire, donne au rectorat son avis sur le candidat, après entretien. Autrement dit, il choisit son équipe. L'enseignant volontaire a droit en contrepartie à une indemnité (décret ici) pouvant aller «jusqu’à 3 556 euros annuels», souligne le ministère. Mais dont la majeure partie, jusqu'à 2 400 euros, est conditionnée à «la participation et à l’engagement des intéressés», critères évalués par l'inspection ou le chef d'établissement.

    Un changement de culture, donc, dans le secteur public, où jusqu'à présent l’affectation d’un enseignant dépendait de son ancienneté, de sa situation familiale, de son concours et de son lieu d’habitation. Avec pour effet quasi mécanique que les débutants atterrissent le plus souvent dans les établissements les plus difficiles, et en partent dès qu'ils ont accumulé assez de points d'ancienneté.

    Sans être opposé au principe du recrutement sur profil, Philippe Tournier, du SNPDEN, reste sceptique : «C'est quand même beaucoup de bruit pour rien. Soit on met en place de vraies mesures incitatives pour enseigner dans les secteurs difficiles, soit on considère que c'est un quasi-service civique, mais là on reste dans la demi-mesure qui ne débouche pas sur grand-chose.»

    «Bons petits soldats»

    Le Snupden-FSU, syndicat minoritaire chez les chefs d'établissements, est beaucoup plus critique. «Non seulement le recrutement direct remet en cause le statut de fonctionnaire, mais ce n'est pas notre métier. On n'est pas des recruteurs de chez Danone  oppose sa secrétaire générale, Catherine Manciaux. «Le risque, c'est de pourrir les relations dans l'établissement. Se dire qu'un enseignant sera efficace et ne fera pas de vagues parce qu'on l'aura recruté personnellement, c'est du fantasme pur. Il faudrait plutôt réfléchir à améliorer les conditions de travail dans ces établissements.»

    «Quand on recrute des profs avec un adoubement à l'entrée, c'est pour en faire de bons petits soldats, pour se constituer une équipe corvéable. C'est destructeur»,
    s'emporte aussi un prof d'histoire-géo de Montreuil récemment syndiqué au Snes-FSU, et dont l'établissement, anciennement classé zone d'éducation prioritaire (ZEP), est passé «Eclair» à la rentrée. «Surtout si les seuls candidats sont de jeunes recrues qui y voient avant tout le moyen d'être titularisées. Alors que ça devrait être de l'ordre de la vocation.»

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article