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Blog de la section PS Anzin

ROMS – « La France ne doit pas mettre en pièces les valeurs fondamentales de l’UE »

15 Septembre 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

— iledere @ 6:30

Viviane Reding voit rouge.

Dans une démarche rare, en utilisant des mots durs, loin de la retenue avec laquelle un commissaire européen s’exprime habituellement, celle qui est chargée de la Justice et des Droits fondamentaux a attaqué sans détour la France pour son traitement du dossier des Roms.

« J’ai été interpellée par des circonstances qui donnent l’impression que des personnes sont renvoyées d’un État membre juste parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde Guerre mondiale. C’est une honte« , a-t-elle martelé, en tapant du poing sur le pupitre. « Je suis en colère« , explique-t-elle au Point.fr, en marge d’une conférence de presse. « Il s’agit des valeurs fondamentales sur lesquelles on a fondé l’Union européenne : plus de déportations en masse, plus de gens stigmatisés pour leur appartenance à un groupe ethnique. Il ne faut pas mettre ça en pièces. »

Du message politique à la Cour de justice
Mais ce n’est pas tout. Viviane Reding et son président, José Manuel Barroso, s’estiment trahis par la France. « Gardienne des traités européens« , chargée de faire respecter le droit communautaire, la Commission avait jusqu’à présent donné le bénéfice du doute à Paris, allant jusqu’à défendre son approche modérée devant un Parlement européen très remonté contre Paris, au point de voter, la semaine dernière, une motion condamnant la France. « Fillon a téléphoné à Barroso pour lui assurer que son gouvernement agissait conformément au droit, sans discriminer quiconque. Puis Besson et Lellouche sont venus le dire à Reding à Bruxelles. On a demandé des documents prouvant les dires de la France et on a fait preuve de patience. Enfin, le 6 septembre, Barroso a vu Sarkozy à Paris. Ils ont conclu un pacte de non-agression, en s’engageant à ne pas faire monter la polémique. Et puis patatras, on apprend qu’il existe une circulaire qui pointe nommément les Roms. On remplace Roms par juifs, et c’est Vichy. Politiquement et juridiquement, on devait bouger« , explique un proche du président de la Commission.

Le message politique est exprimé. Reste le juridique : Viviane Reding veut ouvrir une procédure d’infraction contre la France pour application discriminatoire de la directive sur la libre circulation et pour manque de transposition dans le droit français de cette directive. « Reding aura le soutien nécessaire », estime-t-on dans l’entourage de José Manuel Barroso. En théorie, Paris risque d’être poursuivi à la Cour de justice. Dans les faits, l’annulation de la circulaire incriminée par Brice Hortefeux réduit les risques de voir la procédure aller à son terme. « Mais, au-delà des mots, c’est le comportement de la France qui doit changer« , prévient Viviane Reding.

En attendant, le coup de gueule de la commissaire, soutenue par le Parlement européen, pourrait écorner l’image de la France dans l’Union, au moment où Nicolas Sarkozy doit chercher le soutien de ses partenaires en vue de sa présidence du G20.

Le Point.fr

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