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Blog de la section PS Anzin

Sarkozy, Cahuzac et les contre pouvoirs

23 Mars 2013 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Justice-Sécurité

Sarkozy, Cahuzac et les contre pouvoirs
Laurent Joffrin
Par 
Directeur du Nouvel Observateur

Après la mise en examen de l'ex-chef de l'Etat, l'UMP crie au complot.

La semaine qui s'achève démontre au contraire que médias et magistrats sont indépendants.

Une bonne nouvelle.

 

Une décision "extravagante", dit-on du côté de François Fillon et de l'UMP à propos de la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour "abus de faiblesse". Ce qui est extravagant, c’est la manière dont les différents chefs de file de l’opposition ont accueilli l’événement. Pour ces nouveaux indignés, la décision du juge Gentil est le fruit d’une manœuvre de la gauche visant à faire diversion après la démission de Jérôme Cahuzac et à empêcher Nicolas Sarkozy de revenir au premier plan pour briguer de nouveau la magistrature suprême en 2017.

Cette nouvelle mouture de la théorie du complot est farfelue. En préparant ses actes de procédure, le juge Gentil ne pouvait pas savoir quand l’enquête concernant le ministre du Budget aboutirait, ni dans quel sens elle s’orienterait. Il s’en moque probablement comme de sa première hermine. On peut certes contester sa démarche ou considérer qu’il est trop rigide ou trop sûr de lui ; les juges ne sont pas au-dessus d’un jugement critique. Mais il n’a jamais montré dans sa carrière le moindre signe d’allégeance à un quelconque parti politique. On le dit plutôt sympathisant de la droite et si des reproches lui sont parfois adressés, il semble qu'ils portent surtout sur son intransigeance et sur son caractère ombrageux ou solitaire. En fait, la thèse de la mise en examen politique ne résiste pas une seconde… à l’examen. C’est bien plus la procédure précédente sur l’affaire Bettencourt, menée par le juge Courroye, qu'on a mis en cause pour sa partialité politique, cette fois dans l’autre sens…

La réaction archaïque et artificielle de l'UMP montre surtout que le parti de Nicolas Sarkozy n’a pas compris – ou ne veut pas voir – que les contre-pouvoirs, dans la société française, jouent un rôle croissant et bénéfique. Ils poursuivent en fait le mouvement d’émancipation commencé il y a une ou deux décennies. C’est la presse – Mediapart au premier chef – qui a lancé les deux affaires Bettencourt et Cahuzac. C’est la justice, avec ses lenteurs et ses détours, qui les a menées où elles en sont aujourd'hui, sans que le pouvoir politique y soit pour quelque chose. Les deux personnalités mises en cause doivent bien sûr être considérées comme innocentes jusqu’à ce que leur culpabilité ait été démontrée, si elle l’est un jour. Leurs défenseurs peuvent estimer que les juges vont trop vite ou trop loin; ils sont fondés à contester avec tous les moyens disponibles les décisions prises. Mais personne ne peut dire que le fonctionnement des médias ou de la magistrature dans ces deux cas soit marqué par la connivence, la complaisance ou l’esprit de clan. Mauvaise nouvelle pour la classe politique, l’autonomie de ces contre-pouvoirs est une bonne nouvelle pour le fonctionnement de notre démocratie.  

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